La ségrégation des arts dans nos écoles

La ségrégation des arts dans nos écoles

Un directeur du programme d’enseignement des arts d’une commission scolaire m’a dit récemment que les sciences, les mathématiques et les langues dépendaient des arts, mais que les arts ne dépendaient pas du tout de ces matières fondamentales. Les arts sont indépendants, distincts. Quelle observation brillante et pourquoi je n’y avais pas pensé avant! Plus important encore, pourquoi cela ne se voit-il pas dans les écoles de mes enfants?! Dans l’éducation des jeunes, les arts s’apparentent à de la musique d’ascenseur : quelque chose qui existe pour un court trajet, dont personne ne se souvient de ce qu’il a entendu et pour lequel personne n’a ressenti une émotion. Ok, peut-être ai-je tendance à exagérer lorsqu’on aborde ce sujet mais, est-ce que j’exagère réellement?

Les données sur les avantages de l’éducation musicale sont infinies et pourtant, nous sous-estimons toujours sa puissance dans la vie de nos enfants. Si vous lisez ceci, je vais sûrement sembler prêcher pour ma paroisse, mais par respect pour le « bon vieux temps », tournons-nous vers le passé.
La science nous dit…

– Les écoles ayant des programmes de musique ont un taux de fréquentation plus élevé que les écoles qui n’en ont pas.

– Les enfants qui suivent des cours de musique obtiennent de meilleurs résultats aux tests de développement cognitif général et spatial, basés sur les compétences en mathématiques et en ingénierie.

– Les enfants ayant des difficultés d’apprentissage, qui souffrent de dyslexie et qui ont tendance à être facilement distraits, bénéficient énormément des cours de musique.

– Les parents dont les enfants suivent des cours de musique reconnaissent que l’éducation musicale rend leurs enfants plus heureux, plus concentrés, plus disciplinés, plus forts d’un point de vue scolaire, en plus de les voir offrir leur aide plus fréquemment aux autres.

Nous en avons donc à nouveau la preuve dans cette « poutine de données », mais nous continuons ENCORE à séparer les arts des matières principales de notre système d’éducation publique. Dans nos écoles, les arts sont les premières à être sous le couperet du gouvernement. Nous les valorisons en tant que société, mais lorsque les choses se gâtent, nous valorisons davantage les mathématiques et l’histoire.

Pourquoi compartimentons-nous tous ces sujets? Au lieu de les regarder comme des disciplines, comme des branches du savoir qui se servent et s’assistent mutuellement. Nous avons tous vu des vidéos en ligne d’enseignants « rappant » avec des étudiants pour les aider à mémoriser des informations, de l’histoire aux formules mathématiques, en passant par la géographie. Dans l’ouvrage The Element, Ken Robinson, l’auteur d’ouvrages à succès sur la liste du New York Times, a écrit : « Les arts, les sciences, les sciences humaines, l’éducation physique, les langues et les mathématiques ont une contribution égale et essentielle à l’éducation des élèves. » Daniel J. Levitin, célèbre neuroscientifique, écrit dans un autre livre à succès de la liste du New York Times, This is your brain on Music : « L’activité musicale concerne presque toutes les régions connues du cerveau. » Quand j’enseigne le rythme aux enfants, je parle de fractions. Lorsque les professeurs d’art décomposent une image en formes, ils enseignent la géométrie… Je pourrais continuer longtemps ainsi!

Qu’en est-il de la créativité? Nous nous comportons comme si nous pouvions vivre sans elle. Selon Brené Brown, nous ne pouvons pas : « La créativité non utilisée n’est pas bénigne, elle se transforme en douleur, en rage, en honte, en chagrin et en jugement. » Cela signifie que si nous ne faisons pas preuve de créativité à un certain niveau, c’est dangereux. Cette créativité DOIT  être cultivée. Brown dit que nous sommes des êtres divins, par nature créatifs. Disons-le à nouveau. Nous sommes TOUS créatifs par nature. Cela signifie-t-il que nous sommes tous censés être sur scène, à jouer des instruments, à peindre à l’aquarelle? Non, mais cela signifie que nous devons entraîner le muscle créatif, car notre bien-être en dépend. Quel meilleur moyen de favoriser le bien-être de nos enfants que de valoriser les arts et la créativité dans nos écoles. Je le dis juste, en passant…

Quand Albert Einstein était frustré par la science, il prenait son violon et jouait. Lorsque je suis stressée et que je ressens une désagréable sensation de nager sur place, j’entends une voix me suggérant de jouer du piano ou de chanter. Je gagne parfois en clarté sur des questions sans rapport, simplement en pratiquant. Trop de fois mon esprit s’est éclairci pour que j’appelle cela une coïncidence. La musique me rappelle que je dois me connecter à ma créativité. Les solutions aux problèmes viennent, et presque 100 % du temps, en même temps qu’une paix que je ne ressentais pas auparavant.

Nous pourrions trouver des milliers d’exemples de la façon dont les arts ont profité à la vie des gens. Les musiciens sont partout; ils travaillent dans des immeubles de bureaux et des hôpitaux, ils sont des athlètes ou ils s’occupent des enfants. Les arts font de nous de meilleurs lecteurs, écrivains, penseurs et solutionneurs de problèmes.

Ma position de mère, d’enseignante et de protagoniste du domaine de la musique se présente sous la forme de questions : n’avons-nous vraiment pas le temps de consacrer un moment aux arts à nos écoles? N’y a-t-il vraiment aucun moyen de trouver l’argent? Je crois que c’est un choix. Si je veux être en bonne santé, j’en fais une priorité et je me sentirai mieux. Si nous voulons que nos enfants découvrent la valeur inestimable des arts dans leur vie, nous devons aussi en faire une priorité. Mon souhait est que chaque enfant que je rencontre ait l’occasion d’ouvrir la porte de ce vaste univers qui leur dévoilera à quel point les arts peuvent être un compagnon de voyage précieux tout au long de la vie.

Amor y AlergriaXO